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Ring : L'Anneau des Nibelungen Dreamcast

L'acquisition de Ring : The Legend of Nibelungen sur Dreamcast est anecdotique. Un ami m'a contacté pour me dire qu'il pouvait mettre la main sur son premier prototype Dreamcast. Il en profita pour me demander  si de mon point de vue ce prototype était intéressant... Le GD-R était au format CD Katana, avec écrit "beta" ! Evidemment qu'il avait du potentiel ! Je pensais que nous aurions à faire au jeu japonais "The Ring: Terror's Realm", la simple appelation Ring pouvant porter à confusion. 

Comme vous, cet ami connaissait mon attirance irrésistible vers tout ce qui a trait aux prototypes Dreamcast. Aussi, il décida de me l'envoyer. Nous pouvons le remercier pour sa générosité. C'est en voyant que le jeu demandait le disque 1 que j'ai tout de suite compris que je faisais face à un nouvel Unreleased !

L'intro du début (Dreamcast)

La version PC

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Ring The Legend of the Nibelungen Dreamcast prototype Cryo.jpg

La version PC :

Tout commence il y a fort longtemps, quand que je jouais à Atlantis 2 sur mon ordinateur (« j’adore la contorsion cérébrale »). En pleine partie, j’apprends l’existence d’un autre titre, reprenant l’opéra de Wagner. Et là je me suis dit, franchement ce moteur Omni 3D est pas mal, une adaptation sur la dame blanche de Sega serait bien sympa.

Oui mais bon, Wagner me direz-vous, ça reste de l’opéra et si la chevauchée des Walkyries avait mis de l'ambiance sur Return Fire (3DO), on a surtout retenu l'aspect action-stratégique épique du jeu. Alors utilisé sur un jeu de réflexion, certains pourraient se dire que c’est limite du repoussoir vidéo-ludique.

Sauf que Wagner reste Wagner et que s'il y a bien un opéra à voir dans sa vie, c’est bien celui-ci. Les superlatifs ne manquent pas - tragique, exalté, grandiose -, ça ouvre grand les  oreilles et le scénario est époustouflant : les sagas à la mémoire des Dieux Nordiques.

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Je me rappelle, les soirées de solstice, à côté de la cheminée, le feu se reflétant sur les livres de la bibliothèque de mon ami Gérard, quand j'étais entouré de camarades à discuter culture, autour de bières Bavaroises, avec en fond Wagner tournant sur ce vieux vinyle qui crépitait entre deux envolés lyriques. Question ambiance hivernale ça change carrément des feuilletons Américains de Noel

C’est que Le Seigneur des Anneaux, Le Trône de Fer, Les Marvels etc ne sont que de pâles copies de l’original du XIXe siècle et il faut l'avouer, avec moins de classe toute proportion gardée par rapport aux évolutions techniques disponibles aujourd'hui.

Réaliser un jeu sur le thème de la tétralogie de Wagner, c’est comme monter en armure en haut d’une tour sous un orage dantesque, c’est risqué et même suicidaire.

Philippe Ulrich n'a pas eu peur pourtant, en prenant le pari d'éditer "Der Ring des Nibelungen", le cycle de quatre opéras de Richard Wagner transposé en jeu vidéo par le studio Arxel Tribe.

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Ring l'Anneau des Nibelungen Dreamcast Prototype.jpg

N'oublions pas que le patron de Cryo avait tout de même une déesse faire de bric et de broc, de pièces d’Hardware que son équipe et lui-même vénéraient à genoux… Alors une Saga Nordique, c’est juste une suite logique, surtout en tant que musicien, « sa première passion » !

Ce jeu sort sur PC et les critiques sont bonnes, malgré quelques défauts de finitions qui annoncent les prémices de la fin de Cryo.

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Des bugs graphiques apparaissent sur certaines textures sans réellement de logique et ce, surtout à la fin du jeu, ce qui est dommageable. Honnêtement, même si c’est relativement rare, nous pouvons tout de même penser que le bouclage du jeu s'est fait à la dernière minute et que le manque de finitions est bien réel.

Ce problème se retrouve aussi au niveau de la jouabilité (notamment le passage avec Siegmund) avec une disparition des objets si ces derniers sont utilisés dans de mauvaises conditions ou alors l’impossibilité d’accéder à des objets si la phase de jeu n’a pas été faite dans le bon ordre... Très embêtant pour un Point'n'Click où l’intérêt réside justement dans le test des objets. Heureusement ce problème n’est présent que sur cette phase de jeu mais elle a sûrement énervé nombre de joueurs et a participé à donner une mauvaise image au titre.

Et les problèmes continuent avec des sauts de musique qui cassent parfois le rythme du jeu ou encore des énigmes illogiques, compliquées, qui créent un yoyo dans la progression du jeu. Ce n’est pas rare dans ce style de jeu mais cumulé avec le reste, le titre a raté le coche de la perle rare … et pourtant, quel jeu !

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Il ne faut pas le mettre aux oubliettes ! Car pour faire un tel jeu fallait bien un génie au dessin et c’est Philippe Druillet qui s’y colle. Fils de collabo, réfugié en Espagne il souffre de cette situation durant sa jeunesse et se passionne pour le dessin. Réfugié dans l’art et la littérature, il retourne en France et tombe amoureux de la science-fiction (H.P Lovecraft), puis rejoint le magazine « Pilote », puis fonde avec Giraud (alias le génialissime Moebius, c’est lui l’univers de Panzer Dragoon) « Métal Hurlant » et « Les Humanoïdes associés ». Cette bande d’auteurs de Bandes-dessinée de science-fiction vont juste inspirer des design comme « Alien ". Druillet est un monstre du dessin SF, qui va mélanger savamment cette saga en science-fiction psychédélique.

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«On avait réussi à produire quelques belles images pour ce jeu, Philipe Druillet avait été génial avec les équipes»

Certains pourraient crier au crime mais l’œuvre se prête parfaitement à l’interprétation. Et de ce côté c’est du grand art, l’adaptation scénaristique n’est pas toujours parfaitement fidèle (en même temps, ce n’est ni possible, ni le but) mais réussi à offrir une cohérence grandiose, comme la musique dirigée par « Sir Georg Solti » (qui venait juste d'être fait chevalier par la Reine Élisabeth II ) avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne. Je vous dis... Du lourd !!!

Graphiquement le jeu est sublime, la 3D superbement rendu et la mise en scène aux petits oignons. Reste que les hermétiques à l’univers de « Métal Hurlant » risquent d’être choqués mais finalement tant mieux, c’est ce qu’avait voulu faire Wagner en son temps lui aussi (et draguer les demoiselles de Paris).

«Je suis très fier de notre Ring, un pari assez insensé pour l’époque et une fabuleuse collaboration avec Druillet !»

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Ring: The Legend of the Nibelungen pal pochette avant.png
Ring: The Legend of the Nibelungen Dreamcast pal pochette arriere.png
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Et cette version Dreamcast dans tout ça ?

C’est une version Alpha, conversion PC utilisant Windows CE, avec aucune amélioration des défauts cités plus haut. Le jeu va vous demander des réglages de titan et une patiente digne de maître « Yoda » (débrancher puis rebrancher la manette sur le port A… Quelle logique !).

Une fois les péripéties passées, le jeu se lance enfin et il faut attendre et profiter de grésillements stridents tout en jouissant d’une animation proche des deux images par seconde pour la cinématique de départ...

A ce moment, impossible de ne pas être déçu mais pourtant, arrivé laborieusement au menu, ma partie se lance et j'arrive enfin à jouer. Les musiques sont… disons... absentes pour respecter la mémoire de Wagner ! (sauf ce son strident particulièrement affreux).

Les dialogues sont en Anglais (je galère) mais le jeu jouable avec sa définition de « 640x480 » adapté à notre Dreamcast et son VGA. Le rendu est pourtant fade, pixélisé et des bugs supplémentaires freinent la progression (ralentissements, plantages, problèmes de sauvegarde). Malgré tout - je le répète -, l'univers est juste génial, donc j’accroche et ma rétine voyage réellement avec mon esprit, étonné par la magie de Druillet.

Ce titre n’est pas faisable complètement, il manque encore le CD3 (sur les 3), énorme pour un titre Dreamcast mais la version PC en fait 6. Le jonglage est donc moins galère sur Dreamcast, car oui le changement de CD est récurrent (mais c’est le cas sur l’ensemble des jeux de Cryo de ce genre).

Qu’en penser au final ? Eh bien il faut le prendre pour ce qu'il est, un début d’adaptation abandonné du fait de la part de marché trop faible de la Dreamcast mais avec un potentiel de folie. Au même moment, « Millennium Racer: Y2K Fighters” (course de moto-futuriste) était lui aussi abandonné mais lui peut se trouver terminé, dans une version parfaitement jouable sur notre Dreamcast adorée.

C’est sur ce point que je souhaite conclure. Cette adaptation de Ring est à un stade pour certains peu avancé mais ô combien intéressante (surtout si le CD 3 réapparait). Car ses failles nombreuses ne sont que des problèmes d’optimisation, de réglages et de simples ajustements.

Le code est intégré tout comme les dialogues (il serait simple même de modifier la langue en utilisant les différentes versions PC), le travail de fond est donc à fournir côté codecs et compression. Le plus intéressant est l’ouverture des possibles car comme précisé plus haut de nombreux jeux utilisent la version du même moteur (Aztec, Atlantis 2, Egypte 2, Chine la cité interdite…). Certains ont été adaptés sur Playstation. Alors, imaginez ! Une nouvelle ludothèque pour notre « Dame blanche ».

«Bravo de préserver en tous cas ! Je ne sais pas où vous avez trouvé ce disque, mais c’est collector ! »

Texte de Romain Villez

Cover Homemade de Ring: The Legend of the Nibelungen Dreamcast à télécharger :

Ring: The Legend of the Nibelungen Dreamcast  Homemade cover

  • Téléchargez l'archive contenant  la cover homemade de Ring: The Legend of the Nibelungen

  • Ouvrez l'image (en PNJ) voulue et imprimez là, c'est au bon format.

Prototype disque numéro 1

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Prototype disque numéro 1 (bis)

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Prototype disque numéro 2

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L'annulation du portage Dreamcast :

Le jeux était développé par "Arxel Tribe " et édité par "Cryo Interactive".

Si nous connaissions la version PC sortie en 1998, c'est une surprise d'apprendre qu'un portage Dreamcast était prévu.

«En effet, une version Dreamcast était initialement prévue après le PC. Malheureusement, Cryo l’a finalement annulée. Dommage, j’adorais cette console pour ma part, en avance sur son temps. Mais à la vie bien trop courte!»

«Les ventes de la Dreamcast étaient décevantes, et l’éditeur a préféré ne pas prendre le risque..."»

Il est mentionné brièvement par IGN (à retrouver ici). Aucun autre magazine n'en parle. Nibelungen sur Dreamcast était mystérieux jusqu'à sa (re)découverte e