L'aventure des Bobines 35 mm des publicité Sega
Avant de rentrer dans le vif du sujet et de vous présenter, sur les pages suivantes, mon travail de préservation et d'archivages des 2 h 30 de film utilisé durant le tournage des publicités Sega Mega Drive avec le Punk (Scans, photos et vidéos), laissez-moi vous conter mes péripéties en lien avec celles-ci !
Le projet de numérisation des bobines 35 mm des publicités "Sega c'est plus fort que toi" ne fut pas une mince affaire. Ce défi m'a réservé bon nombre de surprises. Je suis passé de la joie à la déception, de l'excitation au dégout, parfois en l'espace de quelques minutes. J'y suis finalement arrivé pour vous proposer librement leurs contenus.
Les pellicules furent très délicates à manipuler, plus que ce que je m'y attendais. Je suis étonné d'avoir vu le bout du tunnel pour être franc.
Cette expérience m'a permis de me familiariser dans la préservation du patrimoine cinématographique. J'ai pu apprendre énormément dans ce domaine moi qui n'était alors qu'un novice. Cet univers est passionnant, peut-être même plus que le jeu vidéo !
Un bref aperçu des 2 h 30 de tournage des publicités française Sega Megadrive
Que l'aventure commence !!!
Parcourant le site d'enchères en ligne Ebay, mon intérêt se porta sur un objet insolite et intriguant qui pouvait correspondre à ma ligne de conduite de collectionneur.
Après son achat, je ne sais pas encore pourquoi, je me suis mis à correspondre avec son vendeur (Christophe, nom fictif) en parlant de tout et de rien. Le courant passant bien, il me proposa 24 bobines 35 mm correspondant au rushes des publicités Sega Mega Drive avec le Punk.
«Des années après la fin du projet, je suis toujours en contact avec lui. C'est la magie d'internet, on peut y faire d'incroyable rencontre.»
Étant également un cinéphile, l'occasion de posséder de tels objets étaient trop beaux. Il me les fallait, elles allaient faire le lien entre mes deux passions, le cinéma et le jeu vidéo. Nous avons donc convenu d'un prix pour leurs acquisitions.
«Je ne savais pas encore dans quoi je m'aventurais. Je le referais sans hésiter !»
Habitant en Suisse, dans les Alpes Valaisannes, un problème se posait : leurs transports et le coût pour celui-ci depuis la France. Le colis allait être volumineux et lourd. L'idée était alors de les envoyer en deux colis par mondial relay à la frontière franco-suisse, à Évian.
«Venez me faire coucou, je vous offrirai du chocolat !»
Expliquant les complications liées au rapatriement des boîtes métalliques de rangement des pellicules en Suisse, un ami, Vaergas Collec, me proposa son aide pour aller les chercher sur place puis de me les livrer. Il repassera une seconde fois la frontière l'année suivante pour m'apporter la fameuse mascotte Sonic utilisée durant le Grand Prix d'Angleterre de Formule 1 sponsorisé par Sega en 1993.
«Un souci en moins, en plus le transport allait être sécurisé ! J'allais enfin pouvoir mettre un visage sur le pseudonyme de ma connaissance.»
Sur la route , vive les km !!!
Pris d'une frénésie de tailler la route et de tenir dans ses mains des pièces historiques de musée, Vaergas, au volant de sa voiture, enchaîna les km jusqu'à destination.
«J'aurai bien voulu l'accompagner. Le souvenir aurait été impérissable. Je me demande comment il a réussi à mettre les 24 bobines dans le petit coffre de son véhicule !»
Cinq heures de voyage plus tard, traversant une partie de la France depuis Paris, il arriva dans le petit village pittoresque du vendeur. Mais rien ne se passa comme prévu, il était impossible de joindre le vendeur au téléphone, il ne répondait pas à nos appels.
«Nous avions bien cru que c'était fini, que nous avions à faire à une arnaque, 600 km dans le vide ...»
Heureusement il n'en était rien : Christophe n'avait juste pas donné le bon numéro de téléphone... Encore un coup de chaud dans cette aventure mais cette fois, nous pouvions souffler.
Compte rendu du transport des bobines 35 mm, la première fois que nous pouvions les toucher
Après avoir bu un café avec Christophe, après avoir refait le monde avec lui, il pouvait retourner chez lui avec un gros sourire aux coins des lèves et la satisfaction du travail accompli !
«Ce ne sera pas souvent qu'il pourra ressentir l'extase d'avoir ce genre d'objet entre ses mains.»
Enfin rentré chez lui, il m'avait fait un compte-rendu vidéo sur son périple, les bobines etc. non sans m'avoir fait languir de longues minutes, juste le temps pour ce perfectionniste de réaliser une belle vidéo.
«J'étais tellement impatient de savoir quoi, comment....»
Comment faire pour mener le projet à son terme !
Mon idée première fut de trouver un moyen de les visionner et faire un simple enregistrement de l'écran. Or ce format de bobines a presque disparu de la circulation et trouver une salle de cinéma ayant toujours un projecteur de 35 mm est devenu presque mission impossible.
«Dès lors que l'on trouve un cinéma toujours équipé, il faut encore qu'ils possèdent les compétences et le savoir-faire pour les projeter.»
J'ai passé des journées entières au téléphone à appeler les cinémas de ma région. Aucun d'entre eux ne possédait encore leurs projecteurs 35 mm. Le gérant d'une salle de Martigny me parut nostalgique lorsque je lui contai le projet.
Archivage des bobines
«Il m'expliqua qu'il regrettait que tout soit passé au tout numérique et que le savoir-faire de projectionniste était en train de se perdre.»
Ayant abandonné la piste du cinéma de proximité, je me suis dirigé vers la Cinémathèque de Lausanne. Comme les bobines n'avaient rien à voir avec l'audiovisuel Suisse, ils étaient dans l'incapacité de m'aider.
«Il n'avait surtout rien à y gagner oui !»
Le projectionniste archiviste semblait enthousiasmé par mon projet mais ses supérieurs ne voulaient pas en entendre parler.
«Comme quoi, un institut spécialisé dans la sauvegarde du patrimoine télévisuel et cinématographique arrive à refuser d'aider un particulier dans sa démarche de préservation...»
Cette mésaventure me prouve qu'il ne faut compter que sur soi-même et que les organismes ou associations de préservation n'en ont souvent que le nom...
Patrick Borg, en convention, en train de signer les bobines.
«J'étais fou de rage, moi qui oeuvre dans la préservation du patrimoine vidéoludique, à mes frais, sans demander la moindre aide ou subvention !»
Lors d'une convention Suisse, à Conthey, j'ai eu l'occasion de rencontrer "Patrick Borg" le doubleur de la voix off de "Maître Sega". Il m'a dédicacé quelques boîtes métalliques.
«Une chose est sûre, il aime bien le bon vin Valaisan . Même vous, vous risquez de l'aimer !!!»
Entre-temps "The invincible Drac" est venu chez moi m'aider à archiver et inventorier les bobines. Nous avons passé deux après midi entier à les photographier sous tous les angles, une étape assez pénible car très répétitive mais obligatoire, pour vous les partager et laisser une trace dans le patrimoine du jeu vidéo ou, modestement, écrire une nouvelle page de l'histoire de Sega.
Après quelques appels à l'aide sur Facebook, un ami se proposa de m'inviter chez lui pour les visionner. Il venait de récupérer un projecteur 35 mm. Malheureusement, son aide précieuse (et je l'en remercie encore) arriva trop tard. Les bobines étaient déjà en route pour être numérisées...
Oui mais pour combien !!!
La vraie question, combien me faudrait-il investir pour digitaliser les pellicules en bonne qualité ?
«Aujourd'hui je suis en mesure de vous dire que cette opération fût onéreuse, pas loin des 13 000 E !!!»
Premier jet de numérisation pour valider la suite
Le montant nécessaire pour une telle opération est exorbitant. J'aurais pu trouver moins chère. Certains organismes m'ont proposé leurs aides que j'ai déclinées. Je voulais avoir un total contrôle décisionnel sur leurs numérisations et la mise en ligne de mon travail d'archivage.
«Nous aurions pu payer encore plus cher pour un meilleur rendu. La décision fut prise de prendre le milieu de la fourchette des différents prix proposés.»
Recherchant sur le net toutes les entreprises offrant ce genre de service, j'ai pu obtenir plusieurs devis, tous dans le même ordre de prix. Au final, j'ai porté mon choix sur une société à 20 km de chez moi afin que son gérant puisse me faire un devis " de visu" directement chez moi sans avoir besoin de faire six heures de route aller et retour. Je conservais ainsi une meilleure traçabilité de ma marchandise, habitant proche.
Pour obtenir le financement, plusieurs options s'offraient à moi :
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Faire une campagne de Crowdfunding. La somme étant importante, je doutais réussir à la réunir sachant que je n'avais pas de puissance de frappe dans le domaine, que je n'ai pas un nom dans le milieu. J'aurais pu être aidé par un youtuber mais c'est une autre histoire.
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J'ai envisagé de créer un Kickstarter. Cette solution m'aurait plu mais m'aurait demandé un travail colossal en amont sans être sûr de pouvoir récolter l'argent nécessaire. Je pensais offrir un DVD à ceux ayant investi dans mon projet en ne mettant sur youtube uniquement des compilations de la numérisation. Ne possédant certainement pas les droits sur la diffusion des images, j'allais me confronter à des problèmes juridiques sans avoir l'autorisation des ayants droit du contenu des bobines.
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Trouver un généreux donateur, un mécène, un passionné ayant la capacité financière de sponsoriser mon projet. C'est cette dernière solution qui fût choisie ou plutôt qui m'est tombé dessus sans véritablement la rechercher !!!
Après des échanges de plusieurs mois avec mon mystérieux mécène, ce dernier accepta le devis et donna son feu vert.
Un peu de recherche
S'il y a quelque chose que j'aime bien faire , c'est de la recherche . Grâce aux noms sur les claps, j'ai pu remonter jusqu'à "Jason Lehel" qui était le directeur de la photographie de ces publicités. À ma grande surprise, il a répondu à mon mail. Il possède une entreprise du nom de "First Breath Film", certainement une maison de production.
Le tournage a duré cinq jours dont deux prévus pour les prés réglages . Il s'est inspiré du film "Blade Runner" pour la sensation . L'éclairage changeait pendant que l'acteur jouait.
Un hall du nom de "H. Stage" fut louée à "Shepperton Film Studios" maintenant connu sous le nom de " Pinewood Studio ". Le shooting s'est déroulé au Royaume-Uni.
Ces publicités ayant été tournées il y a presque 30 ans, il ne s'en souvient plus. Je n'arriverai pas à pousser plus dans l'investigation.
L'acteur qui jouait le Punk a été identifié grâce au travail de recherche de fred_derf . Il a accepté une interview que vous retrouverez sur une autre page de ce dossier consacré aux publicités Sega Mega Drive.
SEGA C'EST PLUS FORT QUE NOUS !
En lien avec les publicités Sega Mega Drive, vous pourrez :
Remerciement :
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Vaergas Collec pour le transport du matériel
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The invisible Drac pour son aide à photographier et archiver les bobines
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Le généreux mécène qui tient à rester anonyme
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L'ancient propriétaire du matériel pour m'avoir fait confiance en me le vendant