Eclipse / Saturn 2/ 64 bits/ L’aventure oubliée de Sega :
Ce texte est le fruit de recueils d’internet et de magazines mais aussi d’une réflexion plus personnelle. Je tiens à préciser que quasiment l’ensemble des consoles citées sont en ma possession. J’ai toujours eu un attrait particulier sur cette période vidéoludique qui marque pour moi une crise du jeu vidéo bien moins citée que celle des années 80. Mon article est donc ouvert au débat, c’est même son intérêt premier du moment où il permet d'avancer un dialogue qui permettra d’éclaircir l’obscurantisme des événements de Sega et pas seulement des années 90.
Cet article de "Romain Villez" est basé sur des rumeurs, il ne faut pas le prendre pour argent comptant.
En amont :
Peu d’informations circulent sur ce projet, toutefois il a toujours été le fruit de longues réflexions. La légende raconte que c’est la présentation de la Playstation qui bouleversera la stratégie de Sega, c’est vrai pour la Saturn mais pas seulement ! En effet, pour l’entreprise, la 3D ne sera réellement performante (rendant la 2D désuète) qu’à partir de 1996 environ et donc les performances devront arriver à ce moment. Cette technologie devra donc accompagner la 2D, 2D1/2 et la FMV (Full Motion Vidéo) et autres cinématiques (stations Silicon Graphics) avant de s’imposer réellement. L’arcade reste la vitrine de la 3D et c’est le Model2 et sa suite qui est une priorité au niveau 3D chez Sega Japon.
La Sega Saturn


Il nous faut donc revenir en arrière pour bien comprendre cette situation qu’il faut avouer bien complexe ! Sega communique en ce sens :
« L’initiative, voilà le maître mot ! Continuer à faire durer la Megadrive avec ses extensions (Mega-CD et 32X aptes à préparer le terrain à sa descendance, la Saturn ! Un équivalent tout en un, haut de gamme, offrant des performances accrues. Le 32X est vu comme un moyen de s’entraîner à développer des jeux Saturn et ce à un faible coût sans oublier de fidéliser les développeurs à cet environnement. Les deux machines sont complémentaires. »
Plus précisément, le 32X est la réponse de la branche Américaine qui n’est pas convaincue par la Saturn et qui mise justement sur la 3D. Le 32X est donc un booster 3D Megadrive en attendant une puissante console dédiée à cette technologie. Sega avait refusé de travailler avec Sillicon Graphics pour une nouvelle console que Sega US refourguera à Nintendo pour sa 64. La société de l'hérisson bleu avait tenté, en vain, de travailler sur une machine commune avec Sony qui sortira finalement, de son côté, la Playstation.
Possible logo (alliance Sega/Sony)

Sega of America est blasé mais possède un avantage énorme ! Ils sont conscients des stratégies en préparation chez la concurrence. Même Atari (qui a un public très fidèle aux États-Unis) n’est plus un problème. Sega injectera 90 Millions de $ dans la société pour l’achat des licences. La firme au bord de la faillite vit en perfusion grâce à l’aide de Sega. Les extensions et consoles Jaguar–CD, Jag-Duo, VR-Jaguar, Modem, ou Jaguar 2 sont déjà condamnées, Atari fermera ses portes le premier trimestre 1996. Ainsi Sega US imagine le transfert prochain de titres en préparation sur Jaguar (qui est basé sur un 68000 avec des textures relativement simples pour la 3D, des capacités 2D et compression vidéo convaincantes) sur son 32X (Neptune et pourquoi pas couplé au Mega-CD) mais aussi sur Saturn comme les jeux « Black Ice The White Noise », « Legion of the Undead » et « Dactyl Joust ». 3DO, de son côté, n’arrive pas à percer le marché du fait du prix trop élevé de sa machine et d’une distribution compliquée, son mode de commercialisation en est la raison. Sega a d’excellentes relations avec Electronics Arts (dont Trip Hawkins fondateur de 3DO est l’ancien PDG) et ne voit pas vraiment cette nouvelle console comme une concurrence à long terme. Il est même possible d’envisager des arrangements futurs. Par contre, Nintendo avait vraiment eu de grandes craintes à ce moment.
Sony Imagesoft un grand allié du Sega-CD (Mega-CD US)

Sega 32X, le projet Mars
La 3DO aura perdu la guerre dès 1995

Le Mega-CD arrêté en milieu de carrière en Europe. Il est raconté que ce projet était nommé lune du fait de son bios qui représentait la lune

La Jaguar et son extension CD

Black Ice THe White Noise (Jaguar cd), un titre majeur annulé. Ancêtre spirituel de GTA III
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La Saturn est considérée comme trop faiblarde ! Les Américains ne la perçoivent pas d’un bon œil (mauvais souvenir du Mega-CD). Ils optent donc pour augmenter la durée de vie de la Megadrive (qui se vend toujours très bien en Occident) et pour redonner un second souffle au Mega-CD en perte de vitesse avant de contre-attaquer avec une vraie nouvelle machine 3D dès 1996. Le point de vue n’est donc pas de recevoir la Saturn trop rapidement mais d’attendre l’arrivée de jeux qualitatifs et quantitatifs pour le lancement, de quoi tenir en attendant la nouvelle machine afin d'être toujours en avance. La Saturn est donc considérée comme un palliatif en attendant mieux. Pour le monde Occidental de Sega, elle est donc un tout en un (Megadrive, Mega-Cd, 32X) 2.0 avec des options multimédias. Il y a tout de même un créneau pour la Saturn. Nintendo arrive aux limites de ses chipsets 3D pour sa Super Nintendo (SuperFX 1 & 2) en cette année 1995 et l’entreprise accuse du retard sur son projet Ultra 64 (Nintendo 64). Big N a subi un échec cuisant avec son Virtual Boy donc la commercialisation de la Saturn est envisageable pour concurrencer la Playstation faute de mieux mais sa marge de manœuvre reste limitée en Occident.
Dès 1995 (donc avant la sortie Américaine de la Saturn), Sega of America planchera sur une console 64 bits à cartouche afin de faire face à l’arrivée de la Nintendo 64 avec un nouveau partenaire, une entreprise naissante qui se prépare à arriver dans le monde des cartes graphiques pour PC : « NVIDIA ». Sega mettra environ 7 millions de dollars en capital d'investissement. Ce projet se base sur l’expérience acquise par l’entreprise et sur les impressionnantes perspectives de son nouvel associé. Sega Japon imposera un refus rapide à ce projet 64 bits, la Saturn arrive plus tôt que prévu et c’est cette dernière qui est l’unique priorité. Reste que l’idée d’une extension 64 bits est loin d’être mise au placard, bien au contraire.
La Nintendo 64, un succès mitigé qui doit sa survie à la folie Pokemon

« Il faut imaginer SEGA bien implanté sur le marché ayant une avance certaine face à Nintendo et sa futur 64 tout en continuant à concurrencer la Super Nintendo et ses cartouches améliorées. Alors imaginez, en 1996, Nintendo arriver avec sa Nintendo 64 et Sega proposer sa Neptune à 150$ (combiné Megadrive 32X) compatible Mega-CD en fin de vie (80$ environ), la compatibilité Master System (Master-Converter 2 conçu par Sega Europe), un ensemble polyvalent pour le marché secondaire. Il ne faut pas oublier une Saturn avec un nouvel habillage pour 200$ puis juste avant la sortie de la concurrence, aligner une extension 64bits à moins de 100$ qui dépasse les performances du frère ennemi ! Bref, sur le papier, la galaxie Sega tire à boulets rouges de tous côtés ».
Sega Neptune

Master Converter 2

Au Japon, la Saturn a mûri dans un esprit bien Nippon. Le Mega-CD a fait son travail (concurrencer Nec et prendre de court Nintendo) et a permis à Sega de développer un réseau de distribution sur ce nouveau support, une alliance stratégique entre fabricants et distributeurs liés à l’acquisition de licences du nouveau format CD (licences multiples). Le projet Gigadrive a bien évolué et la puissance 2D à l’intérieur est époustouflante. Le Model1 a fait sensation, Sega est nommé leader incontesté de la 3D, si ce n’est l’inventeur ! Gigadrive devient Jupiter (1992-93), le projet est sûrement l’alliance du Gigadrive additionné aux performances du Model1 au format cartouche avec un processeur SH1, proche du 68 000 de Motorola. Une montée en puissance au niveau 3D de la part de Sega Japon est prévue mais elle restera légère.
De ce projet Jupiter, il reste peu de choses en dehors du système arcade à cartouches tirés de la Saturn, le STV pour « Sega Titan Vidéo System » (Titan étant une lune de Saturn). Par contre, l’apparition du support CD-Rom devient une évidence temps pour les capacités de stockage et l’audio que pour les possibilités multimédias (nombreuses sur Saturn avec le Vidéo-CD, le Karaoké et le Photo-CD). La Saturn est lancée et Jupiter abandonnée ! La conception de la machine, bien réfléchie en amont, permet d’absorber le surcoût du support CD.
Prototype Saturn précoce

Un reste du projet Jupiter (Cartouche Système STV)

Sega Saturn Model 2 (Sega Japon)

Le Teradrive (combiné PC/Megadrive) serait à l'origine du système solaire Sega par rapport à la réussite de la société au niveau mondial(1991). L’année ou débute l‘idée d’une console 32bits tiré du système 32 arcade

Le Sega System 32

La Marty 2 sera balayé par l'arrivée des nouvelles consoles 32bits. Fujitsu se retire du marché

Contexte :
Une parfaite maîtrise 2D (à gauche) pour une 3D trop juste (à Droite) sur la Sega Saturn dans son projet d’origine


En arcade tout va bien. Sega passe au Model2 dès 1993 et ses nouvelles compétences vont desservir la naissante Saturn. Un os a été donné à Sega of America avec le projet Mars (32X). La vision japonaise est réconfortée par l’action des concurrents. Nec se tourne vers la 2D et la FMV en préférant délaisser la 3D pour le moment, pourtant la firme avait une sacrée avance avec son PowerVR1. Il en va de même de Bandai qui réalise même une console dédiée à la FMV, « La Playdia », et rechigne l’utilisation d’une carte accélératrice 3D dans sa nouvelle console, la « Pipp!n, » (sous licence Apple). Bref tout va bien pour le meilleur des mondes, sauf … QUE !
Sony présente la démonstration du T-Rex et précise l’arrivée de la Playstation. La Saturn est littéralement hors-jeu sur la 3D ! Sega Japon va doubler les performances 3D physiquement à la va vite, le coût et la complexité en prime remettant en cause toute la stratégie future et surtout les idées novatrices de Sega of America.
« Sega aurait-il dû retarder la Saturn et accélérer les soutient aux projets 32X et Neptune en attendant une refonte de ladite Saturn sur le marché occidental, je me pose encore la question mais une chose est certaine, Sega of Japan n’aurait jamais accepté cet affront ! »
La Saturn est commercialisée au Japon et obtient du succès, elle devance la Playstation pendant 6 mois tandis que Nec avec sa PC-FX subit un cuisant échec. Puis la machine est lancée hâtivement aux US pour permettre à Sega de devancer Sony, contre l’avis des intéressés Américains. Mal préparé, jeux insuffisants, qualité moyenne liée à la politique de prix très agressive de Sony, ces problèmes fragilisent d’entrée la console en Occident. La sortie Européenne, avec plusieurs mois d’avance sur la Playstation, est un échec, les résultats ne sont pas bons !
Nec PC-FX

Maintenant, revenons au Japon. Alors que le Model2 atteints ses limites mais a tout de même fait sensation, Sega prépare un nouveau système arcade, le Model3 révolutionnaire. Sega est encore confiant, Bandai vient d’être balayé puisque la Playdia ne se vend pas et que la Pipp!n est un désastre. Bandai appelle à la rescousse Sega, une veine tentative pour refourguer sa console multimédia offrant toutefois des éléments intéressants (modem intégré, mémoire évolutive et processeur permettant l’accélération graphique).
a Playdia, l'autre drame FMV de Bandai

La Pipp!n un échec de Bandai et d'Apple et tentative de rapprochement avec Sega en 1996

La Playstation une réussite pour Sony, un désastre pour les autres fabricants de consoles

Le début de la nouvelle génération :